Blog Isabelle Archambault

Regards croisés sur l’art-thérapie

Isabelle Archambault Art-thérapeute Facilitatrice de SoulCollage®

Isabelle comment décrivez votre travail avec l’Art -thérapie?

Isabelle : J’ai trois types d’intervention avec l’Art-thérapie :

  • Les Séances individuelles
  • Les Ateliers mensuels
  • Les Stages.

Pendant les Séances individuelles, je vais proposer l’Art-thérapie lorsque la personne parle en image, ou quand la personne a besoin d’éclaircir une situation.

Les Ateliers mensuels :

Je propose, à chaque atelier, un thème et une technique différente.

Les personnes viennent complètement libres, elles ne savent pas à l’avance ce qu’elles vont créer, cela leur donne un grand espace de liberté et de possibilités.

Pendant les Stages sur 2 ou sur 3 jours je propose d’expérimenter les Ateliers que j’ai créés.

L’Art-thérapie est un moyen d’accès au soi par la créativité qui permet d’aller à l’essence, à l’essentiel tout en étant présent dans le corps.

En début d’atelier, l’exercice de la spirale est fondamental. Tracer puis contacter l’énergie de sa spirale permet de se centrer et d’entrer dans le travail.

Au début de l’atelier, je vais donner des consignes. L’impulsion est donnée et déclenche le processus de création.

Ludovic participe à un atelier d’Art-thérapie pour des personnes traumatisées crâniens.

Ludovic : Aujourd’hui je suis stressé, demain je serai heureux et je vais créer en fonction de mon état.

Créer c’est mettre en concret et matérialiser ce que je pense au moment dit, pas il y a deux mois, ni dans une semaine. Dans une semaine, je ne ferai pas la même chose, je n’utiliserai pas les mêmes couleurs.

Cela s’appelle l’Art-thérapie et l’art est quelque part une thérapie parfois plus psychologique que physique.

 

En quoi cela vous aide par rapport à votre expression ? Vous arrivez mieux à communiquer ?

Ludovic : On communique en faisant de l’art.

A des moments je ne trouvais pas les mots, pour dire à la personne que cela n’allait pas. Cela m’apprend à penser et à pouvoir dire quand quelque chose ne me convient pas.

 

Comment Isabelle vous guide-t-elle dans l’atelier ?

Ludovic : Elle me guide, elle met à ma disposition un support et des couleurs de rubans, de peinture … Elle dit : « tu crées ce que tu veux avec ce matériel et ce thème ».

  • c’est la base de tout

La principale conception, c’est ma manière à moi de voir les choses.

  • c’est pas elle qui va me dire « fais ci fais cela », « non cela ne marche pas ».
  • c’est vraiment propre à la personne

les autres usagers ont leur propre conception

  • c’est eux qui conceptualisent les choses, ce n’est pas de la reproduction.

 

Cela vous libère-t-il de créer comme cela ?

Ludovic : L’art libère la personne et lui permet de s’extérioriser et permet de trouver des mots que nous ne trouvions pas ou que nous ne pourrions pas trouver tout le temps.

C’est l’action de créer ou c’est le résultat qui vous fait réfléchir ?

Ludovic : Moi j’ai un but ce n’est pas de créer de l’art abstrait, j’essaie de trouver quelque chose qui est à mon sens que je conçois et ensuite je vois ce que j’ai créé.

Joëlle est enseignante et s’occupe d’enfants en difficulté et en situation de handicap.

Quel effet cela vous fait de créer comme cela ?

Joëlle : C’est un espace de liberté, cet espace est vraiment important pour moi car c’est le seul espace ou je peux vraiment être vraie.

Quand je suis en atelier, je peux vraiment être moi-même, c’est à dire sortir tout ce qu’il y a au fond de moi, même quand je ne le veux pas d’ailleurs.

Je me sens libre et je n’ai pas beaucoup d’endroits ou je peux l’être sans jugement.

 

Cette sensation de liberté que vous pouvez avoir en créant vous aide-telle dans la vie ?

Joëlle : En fait, je suis quelqu’un qui a beaucoup de peurs et d’angoisses, ces ateliers me permettent d’en avoir beaucoup moins, de m’affirmer beaucoup plus. J’étais quelqu’un de timide, je le suis beaucoup moins.

Dans ma vie de tous les jours, cela me permet d’être plus calme, de savoir ce que je veux. Cela me permet vraiment d’exister un peu plus.

 

Cela vous permet de libérer aussi la parole ? C’est le résultat qui vous aide ?

Joëlle : C’est vraiment au moment ou je crée que cela me fait du bien. Nous avons toujours un échange après par rapport à ce que nous avons vécu et ressenti. Ce partage m’aide beaucoup parce qu’alors je mets en mots des sensations, des émotions que j’ai eues.

Le temps de dialogue à la fin de l’atelier sert à concrétiser tout ce qui s’est passé à l’intérieur de moi. Par la suite cette parole m’aide parce qu’elle me permet de mettre au jour des choses que je n’avais même pas imaginées.

 

C’est le fait de créer, c’est lié à votre imagination ?

Joëlle : Et puis après cela chemine et il y a un travail qui se fait souvent inconsciemment.

En fait je mets d’abord dans la peinture ou dans l’argile et après je mets en mots.

Cela me permet aussi d’être plus ouverte aux autres.

 

Cela vous a permis de prendre conscience de vous ?

Joëlle : De mes qualités comme de mes défauts et puis d’accepter aussi qui je suis.

Parce que je ne peux pas changer complètement, mais à partir du moment où j’ accepte qui je suis, forcément je vais avancer.

Alban est Masseur Kinésithérapeute et travaille dans une école de Kinésithérapie et en tant que praticien au centre Atma. Il vient en séances individuelles.

Comment procédez-vous en séances individuelles ?

Alban : En général je cherche ce qui me pose des problèmes dans ma vie de tous les jours

que cela soit sur mon organisation personnelle, sur l’estime de moi, sur plein de différents sujets.

Puis Isabelle propose de passer au dessin, les consignes sont de fermer les yeux de laisser faire, et de laisser venir ce qui va apparaître sur le dessin et après on essaye de regarder ce qu’il en sort. C’est toujours assez surprenant.

Ce que j’aime bien c’est le côté très simple de l’Art-thérapie ou il n’y a pas de grande réflexion au préalable pour moi. Il faut le faire et puis après on regarde juste ce qui émerge. Sans contrôle ni des couleurs, ni des formes, ni de l’espace. C’est ce qui émerge qui tout d’un coup fait apparaître une sorte de solution.

 

C’est surtout un travail d’acceptation ?

Alban : Un travail de recherche et d’acceptation. De recherche pour comprendre comment je suis et puis ensuite vient l’acceptation.

Cela me permet aussi de savoir que lorsque j’ai une émotion un peu forte, une contrariété ou une frustration, je sais que lors d’une séance, je vais pouvoir définir et comprendre un peu mieux ce qu’il s’est passé.

 

C’est plus un travail de compréhension que d’expérimentation pour vous

Alban : Je suis plutôt sur comprendre comment je fonctionne. C’est un outil qui est pour moi fantastique parce que je ne maîtrise rien et ça c’est super.

C’est toujours ludique, même si j’arrive « un peu noir », je commence à faire un dessin.

Je ferme les yeux, je prends 2 craies, cela va dans tous les sens puis d’un coup j’ouvre les yeux.

Tout d’un coup il y a une forme qui ressort alors que je ne m’y attends pas.

Cette forme, elle a un sens pour moi qui l’ai dessinée.

Je ne peux pas savoir ce qui va sortir dans le dessin.

Je ne peux pas savoir ce qui va être dit et quelle émotion va remonter.

 

Que ressort-il de ces dessins ?

Alban : Ce qui ressort des dessins, c’est ce qu’il y a au fond de moi, c’est mon mode de fonctionnement.

Ce n’est pas un médicament qui va faire du curatif, ce sont des petites gouttes sur le long terme qui vont épanouir qui vont faire que l’on va trouver un mode de fonctionnement qui nous convient. C’est une sorte de construction par rapport à la compréhension de soi.

Isabelle, vos patients vous parlent-ils des bénéfices que leur procure l’Art-thérapie ?

Isabelle : En atelier, je m’aperçois qu’il y a un cheminement qui se fait pendant l’atelier et il y a aussi une évolution d’un atelier sur l’autre. Ce cheminement créatif correspond à une méditation active.

C’est une évolution que vous voyez ou ils vous en parlent ?

Je pense à une personne qui témoigne sur le fait que parfois elle a une difficulté à entrer dans le travail proposé. Au départ elle vit cette difficulté, elle peut même ressentir une frustration et à un moment elle trouve le moyen de la modifier, de « switcher », d’entrer dans le travail. Cette expérience l’aide dans sa vie, par rapport à des situations qu’elle aborde maintenant plus facilement, car elle sait qu’à un moment cela peut changer, qu’il peut y avoir une ouverture.

Agnès est orthophoniste. Elle participe aux ateliers mensuels.

Agnès Ces séances me permettent de vivre l’expérience de la découverte de ma créativité avec le soutien d’une présence et d’un regard contenants et jamais intrusifs. J’ai envie de faire un parallèle avec le stade du développement de l’enfant où, contenu par la simple présence de son parent, il découvre l’espace transitionnel du jeu et peut ainsi accéder à son propre univers intérieur. Dans ces ateliers, nous pouvons tous faire l’expérience que notre monde intérieur est – non pas vide – mais peuplé et qu’il l’est de façon singulière. Pour moi, c’est très rassurant !

Je fais à chaque fois l’expérience que cet atelier thérapeutique est, pour moi, le meilleure antidote aux pensées obsessionnelles car je le vis comme une sorte d’aventure non écrite à l’avance.

Il m’est assez facile, dans ce contexte, de me laisser guider par l’inconnu et d’être surprise par mes idées, mes pensées, mes émotions et mes réalisations. Créer, c’est donc aussi pour moi rencontrer des aspects inconnus de ma personnalité d’une façon non menaçante car symbolisée.